Plutôt qu’une véritable « vision », les technologies actuelles permettent la détection d’humains à travers des murs. Par exemple Camero-Tech propose ce type de radar pour des prix allant de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de dollars par unité.
L’utilisation classique est celle des opérations militaires : identifier le nombre de personnes et leur activité dans un bâtiment, simplement en accolant le radar contre un mur. Mais on pourrait imaginer des utilisations moins marginales, notamment pour les services de police, pompiers, samu ou une simple surveillance de nourrissons … si les coûts étaient moins élevés. La grande majorité de ces radars utilisent une technique de modulation qui nécessite une très grande bande passante, une importante source d’énergie et qui est soumise à réglementation.
Lors de la dernière SIGCOMM, une équipe du MIT a présenté WiVi, une méthode proposant des résultats comparables aux technologies actuelles, en utilisant de simples ondes WIFI ! Le principal challenge est la détection de mouvement sans utiliser une forte bande passante, car c’est justement grâce à cette finesse que les radars actuels sont capables de voir à travers les murs. L’idée a donc été d’utiliser la technologie MIMO, dans ce cas avec 2 antennes émettrices et 1 réceptrice, afin de pouvoir ne garder que les objets en mouvement. L’émission de deux signaux identiques permet de soustraire les objets statiques et donc de ne garder que les signaux d’objets en mouvement ; les humains.
L’implémentation réalisée par les chercheurs utilise 3 USRP N210 connectés à une horloge externe afin de reproduire le comportement MIMO. L’algorithme de suppression des objets statiques a été implémenté directement sur les USRP tandis que la visualisation est post processée avec MATLAB.
La preuve de concept apportée par WiVi ouvre donc de nombreuses nouvelles applications pour la vision à travers les murs. La technologie n’impose que de très peu de contraintes matérielles et on peut imaginer un coût et un encombrement réduits en utilisant par exemple des cartes HackRF pour de l’experimentation amateur, ou même des puces spécifiques qui pourraient être couplées (comme avec ce capteur infrarouge) voire integrées dans des smartphones (au même titre que les puces wifi actuelles).